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Le Caillou à la Rouge


Très courte nouvelle, à utiliser pour en faire quelque chose de plus long et fourni (il y a des tas d’idées qui mériteraient d’être développées) ou à placer dans un recueil.

Extrait:

Vance sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Il n’osait pas imaginer la fureur de ce personnage. Il jugeait d’ailleurs incroyable qu’elle ait pu mener cette grossesse à terme et, surtout, n’avoir pas été lui-même victime d’un infanticide. Comment avait-elle donc pu le protéger, lui, ce bâtard?
- Alors, pourquoi ce secret?
Violeta parut se rider davantage. Elle se tassa sur son vieux tabouret.
- Parce qu’il y a le Caillou à la Rouge.
Il tressaillit violemment devant cet énoncé, incapable de masquer sa stupeur. Le Caillou à la Rouge... Il se souvint du chamois, de l’étrange mirage qu’il avait cru discerner au cœur du brouillard le soir où il avait appris la mort d’Augustin. Il considéra bizarrement sa mère.
- C’est à cause de ça que nous avons quitté Champex pour nous établir ici, murmura cette dernière. Et toi qui ne crains pas la frontière des mondes, tu es retourné vivre là-haut. C’est peut-être un signe. Mais il faudra que tu fasses seul ce chemin. Certains souvenirs me sont trop pénibles.

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Une Journée rouge


Petite nouvelle qui se déroule dans l’Ouest, avec les guerres indiennes en toile de fond.

Extrait:

- Que fais-tu dans les parages?
Il tira une longue bouffée sur sa cigarette. Ses yeux se posèrent sur Page, accroupi à ses côtés.
- Duncan m’a engagé pour te tuer.
Son ami ébaucha un petit sourire amusé.
- C’est que je dois être coriace, alors, jeta-t-il avec un brin d’humour. A combien s’élève la prime?
- Cinq mille dollars.
Page émit un petit rire.
- Quelle décision as-tu prise?
Un nuage de fumée voleta devant le visage stoïque de Jericho.
- J’ai accepté l’argent.
Il y eut un court silence. Les deux hommes admirèrent le soleil déclinant qui rendait la terre rouge. Le désert s’enflammait, exacerbant les mystères qui sommeillaient en son sein.
- Conduis tes braves au Mexique, Page, murmura Jericho.
L’interpellé redressa le menton avec vigueur, l’air offensé. La lumière rendait ses yeux orangés et sa peau cuivrée.
- Pour perdre toute raison d’être? s’offusqua-t-il. Notre terre est ici. C’est pour elle que nous luttons. Pour qu’elle reste libre. Nous tuerons tous les Blancs qui bafoueront cette terre sacrée.
Sa voix vibrait, animée par des émotions extrêmes. Jericho tiqua. Il comprenait cette attitude. Mais il savait aussi que cette guerre se solderait par la défaite des Apaches. Tôt ou tard.

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L'Erreur


Parfaite pour un recueil de nouvelles sur le Vieux Valais. Une histoire de contrebande qui tourne mal.

Extrait:

Le garçon regardait son père boucler son sac, à la table de la cuisine. Il buvait ses gestes calmes et coutumiers, sa façon soigneuse de nouer les courroies, de vérifier une dernière fois que rien ne manquait à son chargement - l’argent, le chocolat, une gourde et un casse-croûte composé de pain de seigle et de fromage. La lueur tremblotante de deux bougies éclairait la scène, attisant une tension latente. C’était toujours ainsi quand Riec partait. Il régnait une singulière effervescence dans le chalet encore endormi. Seul Joël ne manquait aucun départ.
Enfin, Riec chargea son sac sur ses épaules. Il jeta un dernier coup d’oeil à son fils avant d’ouvrir la porte. L’air froid de la nuit pénétra dans le chalet tel un importun. Assis sur son tabouret, Joël frissonna, tandis que son père, en bras de chemise, s’apprêtait à s’en aller.
- Souffle les bougies avant de retourner au lit.
C’était toujours le même rituel, depuis des mois. Riec fermait la porte derrière lui, Joël éteignait les chandelles et remontait se coucher, à côté de Lucien et Emmanuel, ses deux frères. Puis il gardait les yeux grand ouverts sur la nuit, le cœur lourd du regret de ne pas avoir “osé”.
Alors, ce matin-là, il décida de franchir ce pas. De toute façon, que risquait-il, hormis un refus? Son père ne le battait pas, lui. Certains de ses amis ne pouvaient pas en dire autant de leur paternel.
- Laisse-moi venir avec toi.
Les mots stoppèrent net Riec sur le pas de la porte. Il tourna vers son fils un regard non dénué de sévérité.
- Non.
Il le murmura. Joël eut néanmoins l’impression d’une détonation en plein cœur de la nuit. Ses yeux gonflés de sommeil s’emplirent d’indignation.
- Mais... j’ai l’âge, maintenant! s’écria-t-il en écartant les bras.
Riec secoua la tête avec indulgence.
- Ce n’est pas une question d’âge. Je ne veux pas que tu fasses ce que je fais.

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Le Phare


Un hommage à Stephen King?

Extrait:

- Le phare est dangereux.
Mr. Guindé fronça les sourcils, avec une pointe d’intransigeance.
- C’est-à-dire?
Un instant, Leieran demeura muet, cherchant la meilleure manière de présenter le phare à ce pragmatique. Il soupira, passa une main dans ses cheveux courts, l’appuya sur sa nuque.
- Aucune archive ne relate sa construction, il n’y a... aucun témoignage à ce sujet. Son origine est obscure. La vérité... c’est que le phare... a probablement toujours été là. Ce ne sont pas des mains humaines qui l’ont bâti. J’en suis convaincu.
Il glissa son pouce sur son menton, fébrile.
- Mais les hommes ont préféré occulter ça. En 1938, le phare s’est vu attribuer son premier gardien.
Il ignora l’expression goguenarde de son interlocuteur. Maintenant qu’il était lancé, il irait jusqu’au bout.
- Depuis 1942, le phare est à l’abandon. Aucun gardien ne tenait très longtemps.
- Que s’y est-il produit?
- Une pléthore de disparitions. Les gens se volatilisent, sur l’îlot. Pour le reste, on ne sait rien. Il y a aussi eu des naufrages, mais on n’a jamais retrouvé aucun corps.
- Des naufrages?
- Des embarcations de pêche, pour la plupart, qui se sont écrasées sur l’îlot.
L’ingénieur eut à son intention un sourire dégoulinant d’indulgence.
- Excusez-moi de ne pas croire aux récits de revenants des marins.
Leieran releva le menton avec vivacité.
- Le phare n’est pas hanté. Il est vivant.

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Crépuscule


Courte nouvelle sur l’Ouest assagi, apaisé, domestiqué.

Extrait:

- La civilisation est en marche. Je ne sais pas s’il te reste le choix.
- Personne n’a jamais décidé pour moi.
Toni vida son verre d’une traite. L’alcool enflamma sa gorge sans toutefois atténuer la colère qui grondait en lui. Car il était en colère autant qu’il se sentait amer et déçu. Le monde qui se profilait à l’horizon le désespérait. Et l’effrayait. Il avait senti venir le vent, ces dernières années. Cela s’était fait de façon très progressive. D’abord, le gouvernement avait parqué les Indiens dans les réserves comme on rassemblait le bétail lors d’un round-up. Puis les lois s’étaient répandues comme la peste, jusqu’à comprimer l’entier du territoire. La Frontière avait reculé, reculé... au point de disparaître. Les bonnes mœurs envahissaient même des villes comme Tombstone ou Deadwood. Jesse James, Billy the Kid, les frères Bass, Butch Cassidy et le Kid, tous ces hors-la-loi étaient morts, fauchés par une balle qui portait leur nom. Les fermiers élevaient des vaches sur les terres des bisons, quadrillaient la prairie de barbelés. Le “progrès” était en marche. Et l’Ouest, le vieil Ouest rempli de sang et de poussière, se mourait dans l’indifférence générale.
- Nous avons vieilli, Toni.
- Je ne me sens pas encore vieux.

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